Un concert en deux tomes (compte-rendu)
La difficulté de trouver son second souffle, un trajet en taxi suivi d’une bonne prestation … avec un placement que j’aurais pu mieux gérer.
La gestion de l’énergie est vraiment un sujet crucial quand on gère une double journée. Continuer une journée de boulot par une soirée de concert est loin d’être une évidence quand la plupart des gens ne rêvent que de s’effondrer dans un fauteuil pour subir la télévision.
Initialement, je comptais prendre congé, mais une formation (ironiquement en ‘gestion du temps’) est venue perturber mes plans.
Je crois aux transports en commun, et l’idée de prendre la voiture pour aller à Bruxelles ne faisait pas partie de mes plans, malgré le matériel à déplacer à dos et bras d’homme: une guitare, mon ampli, une mallette de câbles, un pied de micro et un sac pour mes affaires.
Néanmoins, en quittant le bureau, je n’en menais pas large et je redoutais le supplément d’énergie à trouver pour assurer une bonne prestation lors du vernissage de l’expo consacrée au travail d’E. Warnauts et de G. Raives. Le plan initial était de prendre le train jusqu’à la gare centrale, puis de descendre à pied jusqu’à la librairie bédérie Brüsel. J’ai déjà parcouru de longues distances avec le même matériel, mais là je me voyais arriver, puant, suant, avec des bras de gorille et les mains raidies par le poids et le froid.
J’ai donc décidé de faire une chose qui est loin de mes habitudes … prendre un taxi. Le soulagement de déléguer le transport et de me décharger littéralement fut instantané !D’autant que mon chauffeur, contrairement au cliché en vigueur, était taiseux, ce qui m’a donné des précieuses minutes de relaxation. Sept euros pour se ressourcer, investissement volontiers consenti !
Sur place, la séance de dédicace est en cours, dans une concentration religieuse, un instant l’image de la file de fidèles attendant la communion me traverse l’esprit. Le propriétaire des lieux me tire de ma contemplation mystique et m’accueille chaleureusement. Sur son conseil, je dépose mon matériel au sous-sol et me mets en quête d’un endroit pour m’installer. À l’étage, les passerelles sont étroites et constituent un cheminement logique, et entraver le passage ne me semble pas un choix judicieux.
Au rez de chaussée, un espace dégagé sur une estrade m’attire, deux marches, une prise à proximité, la possibilité de circuler devant et autour de moi, et un balcon qui communique visuellement et acoustiquement avec l’étage, où se fera le vernissage. Ce choix évident d’un point de vue scénique, ne se révélera pas comme étant la meilleure option.
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J’avais compté une marge de sécurité confortable et il me reste pas mal de temps avant de jouer. Je décide de profiter de la cave pour m’échauffer les doigts. J’y rencontre les étudiants qui s’occuperont des boissons, un étudiant de médecine avec un air d’étudiant de médecine, et une fille aux yeux bleus de glace. L’acoustique de la cave à voussettes est très sympa et je m’echauffe un peu.
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Je prends place et installe le matos. Pas facile de prendre le pouls d’une soirée dont les codes et l’horaire me sont un peu imperméables. Je décide au pif, de commencer à jouer à l’heure pile.
Je débute mon set, et quelques regards curieux convergent vers moi. J’ai décidé de ne pas donner trop vite la raison de ma présence dans ce lieux inhabituel, Entre chien et loup viendra, mais plus tard. Deux ou trois têtes connues passent la porte du magasin. Au gré des arrivées ainsi que sur le petit balcon qui me surplombe, certains quittent le brouhaha des conversations pour venir écouter quelques notes. Des regards, des sourires, des commentaires encourageants et quelques cartes promo cueillies m’encouragent.
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Je suis l’invité, celui qui fait une animation musicale, une ambiance, et ça me convient. Je suis bien, à l’écoute, et je joue bien (en tout cas, c’est mon sentiment). Comme le hasard du calendrier veut que ça soit mon anniversaire, je me fais plaisir … mais en voulant ne pas être dans le chemin, je me suis également mis un peu en marge de l’évènement.
J’arrive doucement à la fin de mon set et mes doigts fatiguent, quand vient la demande que j’aille jouer à l’étage ! Avec l’aide d’Eric Warnauts, du propriétaire des lieux et d’une dame du Lombard, nous montons tout le matos d’un étage. Maintenant que le public s’est sédentarisé, un verre à la main, les espaces potentiels apparaissent mieux. Me voilà reparti pour un second set. Décidément, la soirée est placée sous le signe de l’énergie et du second souffle. Un second set sans histoires, ponctué à nouveau d’encouragements.
De manière générale, je ne bois pas d’alcool avant et pendant que je joue. Quand je pose la guitare, je me décide enfin à accepter un verre que j’avais décliné jusque là. Pas de bol, il ne reste rien (la ville de Liège m’a mal habitué comme me fait remarquer la serveuse d’un joyeux « Hey, c’est pas la fête à la picole, ici ! ».
Dans l’obligation de rentrer sur Liège, je dois, à mon grand regret, décliner l’invitation à accompagner les organisateurs pour un resto. On me commande un taxi et je soupe d’un hot-dog à la gare. Je range mon matériel pendant le trajet du retour en train, et je répare deux ou trois bricoles, un gain de temps pour une autre fois.
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