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Le parking


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Bon les amis, rien à voir avec la zik mais j'avais envie de partager cet écrit. Cela est issu d'une de mes travaux personnels. C'est une scène qui mérite d'être arrangée encore un peu mais qui ne le sera pas car elle n'intégrera pas le travail final. Bonne lecture ! ;)

 

 

Chapitre XXX - Le Parking

 

John Radovic roulait en direction de l’est de la ville et avait encore peine à réaliser. Trente minutes plus tôt, il avait reçu chez lui l’appel qu’il n’attendait plus, celui qui le remettait dans le circuit. Le capitaine n’avait pas eu besoin de beaucoup parler, juste un petit « on a besoin de toi » avait suffit pour rallumer les sens de l’inspecteur. Alors qu’il était sur la route du point de rendez-vous, le peu d’informations qu’on avait bien voulu lui fournir, ou qu’il voulut bien entendre tant il était impatient de monter dans sa voiture, faisait déjà fonctionner son cerveau à plein régime. La victime était un homme d’affaire fortuné. Il avait été retrouvé sans vie au volant de sa voiture, découvert au milieu d’un parking de supermarché par le vigile qui démarrait sa tournée matinale et qui avait aperçu la berline garée au milieu du macadam.

 

En arrivant sur la scène de crime, Radovic constata immédiatement qu’aucun journaliste n’était encore présent sur les lieux. C’était une bonne chose. Il n’y a rien de pire que leurs supputations journaleuses alors qu’aucun policier n’a la moindre idée de ce qui aurait a pu se passer. L’inspecteur s’approcha de la zone de crime. Un agent en uniforme l’empêchait de franchir le cordon de sécurité. Il avait oublié qu’il n’était plus en possession de son badge et de son arme. Huit mois après sa suspension, il n’avait pas pensé à ces deux objets qui faisaient ce qu’il était. Il avait beau insister, le jeune policier qui contrôlait l’entrée de la scène de crime était imperturbable. Le sergent Dufour, comme l’indiquait son badge, ne faisait que son travail et l’inspecteur le savait bien. Cela le stoppait dans son élan. Ce ruban était la frontière entre ce qu’il était devenu et ce qu’il voulait redevenir. Mais il lui était interdit pour le moment de le franchir.

Alors qu’il avait déjà abandonné, le capitaine Vallette l’aperçut et l’appela. Radovic essayait de lui faire comprendre que la personne devant lui, bien que faisant son travail correctement, restait un obstacle à franchir pour le rejoindre. Son supérieur alla donc vers les deux hommes et s’adressa à celui en uniforme :

- C’est bon Dufour, il est avec nous.

- Oui capitaine, je suis désolé. J’avais ordre de…

- Je sais Sergent, c’est de ma faute, coupa Vallette. J’aurais dû vous prévenir et je vous remercie de votre vigilance. Vous pouvez le laisser passer.

- Bien capitaine.

A peine achevé ses paroles, le jeune Dufour leva le cordon pour laisser passer l’inspecteur. Ce dernier le remercia par un clin d’œil. Son intention était de lui faire comprendre qu’il ne lui en voulait aucunement. Il savait que la plupart des flics étaient passée par là.

- Bonjour capitaine.

- Bonjour John, ça fait plaisir de te revoir sur le terrain.

- Si cela te fait tant plaisir, pourquoi avoir attendu ? Fit-il avec un sourire en coin.

- Je vois que t’es en forme. On aura le temps de reparler de tout cela un peu plus tard. En attendant, nous avons besoin de toi sur le terrain.

- Ok mais bon, sans mon badge et mon arme, je suis un peu nu.

- Je sais, je sais. J’ai oublié de te les apporter. Ce n’est pas grave, t’es du bon côté du cordon pour le moment et c’est l’essentiel. On va pouvoir commencer à bosser. Concernant tes affaires, tu pourras les récupérer tout à l’heure, elles t’attendent sur ton bureau.

- Aucun souci.

- Allez viens, on a du pain sur la planche.

Les deux hommes prirent la direction d’un groupe de personnes à une cinquantaine de mètres d’eux. Ils discutaient à proximité d’une voiture ayant la porte côté conducteur ouverte, sans aucun doute la berline de la victime. Dans ce groupe se trouvaient deux visages connus de Radovic et un autre inconnu. Ce dernier appartenait à une jeune femme. Il comptait sans aucun doute sur le capitaine pour effectuer les présentations. Concernant les deux autres personnes, il reconnut sans problème Nathalie Nguyen, la légiste avec qui il avait l’habitude de travailler, et Gregory Foret du laboratoire scientifique de la maison. Apparemment, ils en étaient déjà à leur premier bilan sur le crime.

- Messieurs Dames ! Introduisit l’inspecteur,

- John ! repondit Nguyen avec une joie non dissimulée, cela fait plaisir de te voir par ici. J’aurais vraiment aimé que l’on se recroise dans d’autres circonstances !

- Lesquelles ? A chaque fois, c’est autour d’un cadavre, que ce soit en extérieur ou dans ta tanière ! Repris Radovic avec un clin d’œil complice en direction du médecin.

Foret aussi était ravi de le revoir. Son sourire lors de leur poignée de main n’avait pas besoin de mot pour affirmer ce qu’il ressentait. Puis Radovic se retourna vers cette inconnue. Lorsque leur regard se croisa, il percevait quelque chose de troublant et envoûtant en elle. Il ne saurait décrire cela mais il sentit une étrange sensation, un instant de faiblesse le traversa. Cette seconde, qui dura une éternité fut interrompue par la voix du capitaine :

- Au fait John, je te présente Valentine de Saint-Albin. Elle vient de nous rejoindre et vous allez faire équipe sur ce coup.

- On va quoi ? S’enquit Radovic aussitôt.

Depuis qu’il était entré dans la police, l’inspecteur redoutait ce moment, celui où l’on allait lui attribuer un partenaire, lui le solitaire. Son supérieur savait pourtant qu’il ne souhaitait pas partager son véhicule de fonction. Son visage s’empourpra de colère. Celle-ci commençait à s’apercevoir de l’extérieur lorsque Vallette reprit rapidement la parole. Il fallait éteindre cet incendie.

- Ecoute John, je sais ce que tu penses de l’idée d’avoir un partenaire. En l’occurrence ici, c’est une partenaire. Mais après ce qui s’est passé l’année dernière, je pense que tu as besoin de quelqu’un pour t’épauler.

- Tu veux dire pour me surveiller.

- Je pense que c’est ni le lieu ni le moment de parler de tout ça. Valentine est un très bon élément. Elle est jeune, dynamique et je suis persuadé que tu es la personne la plus compétente de mon équipe pour lui apprendre le métier sur le terrain.

- Il faut aussi que je fasse la nounou…

- Attention, ne t’égares pas sur ce terrain. C’est à prendre ou à laisser, je ne pense pas que tu sois en position de négocier.

Radovic avait déjà entendu cette réplique quelques mois auparavant. Et cette fois encore, il ne pouvait pas contredire ces propos. C’est donc avec un sourire forcé qu’il tendit la main à sa nouvelle coéquipière. Celle-ci la prit et leur poignée fut accompagnée d’un « bienvenue chez les fous » émanant de l’inspecteur. Le sourire rendu par Valentine de Saint-Albin sonnait faux aussi. Celle-ci connaissait la réputation de son nouveau partenaire et ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Elle se doutait bien que leur première rencontre ne serait pas accompagnée de champagne et de petits-fours. Elle s’y était préparée et pourtant, elle se sentait de trop dans cette scène, elle, la seule inconnue du tableau. Qu’à cela ne tienne, elle était là pour apprendre. Et quoi qu’il en coûte, avoir un tel modèle à ses côtés ne serait que bénéfique pour monter les échelons.

- Bon, qu’avons-nous ? Demanda Radovic à la petite assemblée en s’approchant de la voiture.

- Hector Beaumont, commença le capitaine. 48 ans, marié, homme d’affaire. Il avait investi dans plusieurs commerces, essentiellement de la restauration. C’est le vigile du supermarché qui l’a trouvé là ce matin en faisant sa ronde. Il était au volant de sa voiture avec une balle entre les deux yeux.

- Il s’agit certainement de la cause de la mort, enchaina Nathalie Nguyen. Mais je ne pourrais le confirmer que lorsque je serai au dessus de mon billard. Cela dit, l’expression de son visage ne marque aucune surprise. Je pense qu’il connaissait son exécuteur…

- On pourrait le penser, coupa Radovic. Mais contentons-nous uniquement des faits pour le moment.

- Oui tu as raison, reprit la légiste. Désolée ! Donc je disais que son visage ne marquait aucune expression. Cela est étrange. Mais j’ai remarqué aussi quelque chose d’encore plus étrange. Regarde ses poignets. Ils sont marqués.

- Effectivement, confirma l’inspecteur après quelques secondes de réflexion. On dirait des marques de menottes.

- Comment ça ? Intervint le capitaine.

- On perçoit des traces de frottement au niveau des poignets. Ayant l’habitude d’en apercevoir, je peux déjà dire qu’il s’agit là de marques laissées par des menottes. Et d’après celles-ci, elles n’étaient pas forcément serrées et notre victime a dû penser qu’il pouvait passer la main à travers l’orifice pour les retirer.

- Cela voudrait dire qu’il a été emmené jusqu’ici puis installé au volant de sa voiture ? Questionna de Saint-Albin qui n’avait dit mot jusque là.

Un silence s’installa où chacun faisait le point sur la situation et essayait de comprendre ces quelques informations. Pour John Radovic, le scénario du mec menotté, transporté puis installé au volant de sa voiture au milieu d’un parking de supermarché lui semblait peu probable. Pourtant, il en avait vu d’autres mais son instinct lui disait que tout c’était passé ici. D’ailleurs une réflexion lui vint, était-ce vraiment la voiture de la victime. Il se retourna ses collègues et posa la question :

- Au fait, on est sûr qu’il s’agit la de la voiture de la victime ?

- Bien entendu ! Répondit Vallette avec un soupçon de colère qu’il ne masqua pas, ce n’est pas ce que je t’ai dit de suite ? Je l’ai moi-même vérifié. Tu ne m’as pas écouté John ?

- Si si, bien sûr, mais je voulais en être absolument certain. De ce fait, il n’y a que deux scénarios possibles.

L’inspecteur attendit un petit moment avant de reprendre son explication. Il voulait être sûr que tous les regards interrogatifs s’orientaient vers lui. Le capitaine s’impatientait.

- John, enchaines, on n’a pas toute la journée.

- OK, je disais donc qu’il n’y a que deux scénarios possibles. Soit le crime a eu lieu ici et, dans ce cas, il faudra comprendre d’où proviennent ces traces de menottes, soit le crime a eu lieu ailleurs et ils ont été deux à faire le coup. Dans ce cas là, effectivement, il a vraisemblablement été attaché et transporté ici. Quelle que soit la bonne hypothèse, il faut en savoir plus sur ces traces aux poignets.

- Pourquoi deux ? Demanda la légiste.

- S’il était attaché aux mains, il ne pouvait pas conduire. De ce fait, quelqu’un a forcément conduit sa voiture et, pour ne pas repartir à pied, était accompagné d’un complice dans une autre voiture.

- Mais il n’y a aucune trace de liens au niveau des chevilles, les ravisseurs n’auraient pas fait une erreur pareille. Se questionnait Nguyen. Cela lui aurait donné une chance de s’enfuir.

- Effectivement, mais ce n’est pas impossible. Regarde, lorsque nous menottons quelqu’un, il a les jambes libres, et combien ont réussi à prendre la fuite ?

A peine la démonstration achevée, il sentait une seconde jeunesse l’envahir. Il était de retour, plus motivé que jamais. Son cerveau fonctionnait à plein régime. Il était temps de transmettre les directives pour que cette enquête puisse enfin démarrer.

- Il faut donc connaitre au plus vite possible à combien de personnes nous avons à faire. Foret, je ne sais pas où tu en étais dans tes recherches mais la priorité est de savoir si quelqu’un a tiré à proximité de la voiture ici ou si quelqu’un d’autre que la victime a conduit la voiture. Regarde donc autour du véhicule s’il n’y a pas de traces de tirs et à l’intérieur s’il n’y a pas d’autres empreintes sur les commandes de pilotage.

- On risque de trouver les empreintes de sa femme ? Questionna le scientifique.

- C’est possible effectivement. On les traitera comme celles de la victime. De toutes manières, on ne peut pas accuser une femme d’avoir tué son mari avec pour seule preuve le simple fait qu’elle ait conduit sa voiture.

- C’est sûr, mais il me faudra quelque chose pour comparer les empreintes si j’en trouve.

- Ne te soucis pas pour ça, tu auras tout ce qui concerne la veuve ce soir.

- Ok, je m’y mets de suite. Tu auras mon rapport dès que possible.

- Merci. Nathalie, tu peux passer le corps sur ton billard rapidement ?

- Je ne sais pas, répondit la légiste après quelques secondes de réflexion. La cause de la mort me semble évidente.

- Je suis d’accord, mais ce n’est pas cela qui m’intéresse en l’occurrence, mais les marque sur les poignets. Tu peux les dater ?

- Pas avec précision.

- Mais est-ce-que tu peux me dire si c’est postérieur ou antérieur au décès ? Et dans le second cas, si ça date de quelques heures ou quelques jours avant.

- Ca je dois le pouvoir. Mais tu sais, je n’ai pas que toi comme client, annonça la légiste en faisant des petits crochets avec ses doigts en prononçant le dernier mot.

- Arrête Nath, pas a moi ! Ne me dit pas qu’une histoire de menottes ne te fait pas envie ? Demanda l’inspecteur à son interlocutrice accompagné d’une voix pleine de moquerie et de complicité.

- Euh… C’est vrai, dit-elle en sentant ses joues s’empourprer.

- Alors demain 8h. Ca te va ?

- J’ai l’impression que tu ne me laisses pas le choix.

- Bingo !

John Radovic était conscient que cette dernière expression était complètement ringarde, mais il aimait bien l’utiliser. C’était pour lui une façon un peu plus originale de dire « oui » ou pire « affirmatif ». Mais quelle que soit la formule choisie, ce qui comptait pour lui, c’était de retrouver son élément. Et il n’était jamais aussi bien dedans que lorsqu’il y avait de quoi lancer des recherches et de pistes. Les menottes lui semblaient en être une sérieuse. Il fallait savoir comment Beaumont s’était fait cela. Soudain, une voix le fit sortir de ses pensées.

- Et moi ? Je fais quoi ? S’enquit Valentine de Saint-Albin d’un air sévère.

- Vous ? Ben vous allez venir avec moi. Comme nous sommes coéquipiers, enfin parait-il, on va commencer les interrogatoires.

- Où ça ?

- Il était marié, il y a donc forcément quelqu’un à qui annoncer la nouvelle.

- La veuve ?

- Bingo ! Tu apprends vite.

- Et vous pensez que je suis prête ?

Radovic la dévisagea sans réellement comprendre le sens de sa question. Mais bon, une question idiote appelant une réponse idiote, il envoya :

- Tu te remaquilleras en route ! Il y a un miroir de courtoisie dans le pare-soleil de la voiture.

L’inspectrice se mit à rougir en se rendant compte de la stupidité de sa question. Heureusement pour elle, elle sentit que son coéquipier ne s’en était pas aperçu car il lui avait déjà tourné le dos et avait pris la direction de la voiture. Elle lui emboita le pas sans attendre plus longtemps.

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5 Commentaires


Commentaires recommandés

Super !!!!

ça donne envie d'en lire plus....

 

Je suis un gros fan de polar, en particulier Coben (la serie Myron Bolitar Surtout) si tu connais....

 

Sinon grosse erreur: la police menotte généralement les mains dans le dos ce qui rend une fuite bien delicate.

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Pourquoi cette scène n’intégrera pas le travail final ? Je trouve ça plutôt réussi ! Une suite aurait été sympathique (même courte).

Et du coups le travail final ça sera quoi ? :p T'as prévu d'en publier un peu ici ?

Je suis pas trop polar, mais franchement j'ai bien aimé.

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@zwan : je connais très bien la série ! Sinon, qui a dit que c'est la police qui avait menotté ? ;)

 

@dystopia : la scène de crime d'introduction a changée pour la tenir un peu plus proche de l'intrigue ! ;)

 

Merci à vous en tout cas.

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J ai bien aimé aussi.

 

Cela m a fait penser à la série de Sherlock Holmes pour ce qui est de la présentation du personnage principal.

 

J espère une suite à ce début sympa.

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@Petrouchka : merci, la suite, ce n'est pas pour tout de suite. C'est ici un chapitre qui n'est pas retenu et pas complètement abouti.

 

Cela dit, je réfléchis à faire une petite série sur le net à l'aide d'un blog.

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