La main droite
De la main droite,
C'est comme ça qu'aurait pu s'appeler l'ouvrage hypothétique de Troy Grady synthétisant de son travail récemment médiatisé sur l'analyse de la main de picking des guitaristes.
Cracking the code, Master in mechanics, voilà deux noms qui expriment à eux même tout ce mystère autour de la main droite qui est si rarement explicité.
A demi coupable de la réponse bien souvent trop facile, le fameux "travail" qui répond aux questionnements du débutant et plus avancé quant a un passage particulier d'un plan au médiator. Pourquoi coupable ? Simplement parce que la solution n'est pas forcément dans plus de travail bête et méchant au métronome mais dans plutôt dans un travail de compréhension de sa main droite et de ses règles propres pour un résultat plus efficient.
Nul besoin de jouer à 620 bpm comme John Taylor pour avoir la nécessité d'optimiser son jeu un minimum, et même cela me semble encore plus important pour simple pour un débutant en recherche de bonnes bases.
Je dis ça car il y a quelques temps je pensais presque le contraire , mais ça c'était avant l'abonnement à Master In Mechanics...
Pourquoi ? Car l'analyse de Troy Grady est bien plus fine que ce que laisse paraître les vidéos gratuites !
La finesse de l'analyse par vidéos en slow-motion permet même de d'évaporer toute la magie qui sort des iconiques plans supra-luminiques typiques des 80's.
Oui tout est rationnel avec une mécanique main droite bien huilée qui rend le picking plus aisé que lorsqu'il est improvisé.
Les passages "comiques" sont très télescopés avec la récurrente question : "comment jouez-vous..." suivi d'un plan. La réponse est quasi tout le temps à côté de la bonne réponse. Oui, le joueur lui-même ne sait pas réellement comment il exécute ses mouvements ! Étrange chose que voilà !
L'internalisation des règles primaire du picking n'est donc pas consciente chez les musiciens "virtuoses".
Un drôle de moment quand Marshall Harrison dit "I swept it all", alors que non...c'est bel est bien de l'aller-retour...du bon vieux pur aller-retour !
Non pas que Marshall ne sait pas ce qu'est le sweeping, très loin de là mais au contraire, il n'est pas du tout conscient de sa main droite à très haute vitesse qui est d'une rare efficience...
Toute l'approche de Troy Grady n'est pas d'expliquer ce que VOUS devriez faire pour "bien" jouer ou ce qu'est une technique "juste", mais ce que font les autres et ce que vous pouvez donc prendre pour simplifier ou mieux appréhender des passages.
Pour exemple, jouer une gamme brisée en quarte peut devenir un sacré sac de nœuds quand on n’a pas conscience de toutes ces mécaniques là, excepté à petite vitesse. Très rapidement vous allez devoir choisir entre deux stratégies différences : l'aller-retour strict ou bien l'economy-picking.
Oui mais...en aller-retour strict un problème se pose : le sac de nœud est toujours là...comment font donc les musiciens de talent comme Batio ou Gilbert pour ne pas sauter au-dessus de la corde lors de certains passages ? Grâce à des mouvements dont ils n'ont pas conscience...
La même chose se passe lorsque qu’ils essayent d’expliquer au ralenti leurs mouvements, ce n’est pas vraiment ce qu’ils font à plus haut tempo…
Les 3 gros séminaires disponibles (pas les interviews d'artistes) traitent sur l'aller-retour, qui est bien plus que faire un aller-retour constant au médiator.
Rien que l'approche en terme de pickslanting, c'est à dire vers où pointe votre médiator va changer toute la stratégie de picking et les possibilités naturelles de jeu, chose qui est rarement mise sur la table. Mais le pickslanting n'est vraiment rien comparé au reste du contenu.
Inside the volcano : le jeu de Yngwie est disséqué pour une première approche du picking.
Cascade : C'est au tour de Eric Johnson !
Antigravity : En commençant avec Batio, on s'éloigne tout doucement du DWPS de Yngwie pour de l'UPPS et du 2WPS ! Quelque chose de plus moderne !
S’en suivent les interviews d’artistes variés mais quoi ont tous la particularité de jouer relativement vite et d’avoir un style particulier : Steve Morse, Marshall Harrison, Carl Miner (Bluegrass/ guitariste session), Jimmy Bruno, Josho Stephan (Gypsy Jazz), Albert Lee pour ne citer qu’eux.
Chaque interview est suivie d’une analyse détaillée sur des points caractéristiques du jeu observé, avec slo-mo. Tout ça est très bien présenté et passionnant.
A qui s’adresse donc ce contenu ?
Certainement pas à des débutants en picking ! Toutes les connaissances évoquées sont très clairement utiles voire indispensables à tout guitariste cherchant à rationaliser et mieux maîtriser son jeu, mais requière un brin d’expérience et de confrontation aux problèmes.
Pour prendre mon exemple, le brisage en quartes d’une gamme majeure m’a demandé de trouver une solution « maison » : l’economy-picking agrémenté de 2WPS, le tout inconsciemment.
Lors des explications de Troy Grady sur les méthodes développées par tel guitariste pour faire la même chose, on se rend bien compte de l’utilité de cette analyse et des conséquences que cela pourrait avoir sur notre jeu, mais tout cela demande du recul et des erreurs passées.
Après énonciation de certaines techniques notamment le "swipe" où je me suis dis : « mais c'est totalement débile ce truc, jamais je ferais ça et ça me semble completement inutile ». Que vois-je 3 jours après ? Je swipe naturement sur des passages, et ça seulement à haute vitesse (le plus vite que je peux en fait). L'égo peut en prendre un coup, moi au contraire je trouve ça génial !
A contrario, des problèmes exposés ne me parlent pas du tout, je ne les ai jamais rencontrés du fait de ma petite expérience en guitare et là c’est plus difficile de comprendre le génie de la solution, ce qui n’empêche pas non plus de pouvoir l’appliquer et mieux réussir !
Avoir un niveau intermédiaire (ce qui ne veut rien dire donc) est un prérequis indispensable, mais pas seulement…
Il faut être avant tout un « geek », aime gratter plus loin et observer les processus « cachés », l'explication des choses. Sans ça vous risquez de vous ennuyer...vraiment.
On n'est pas sur un cours de guitare au sens classique, les riffs ne sont même pas spécialement expliqués, l'approche est totalement orientée sur la main droite.
En fait la main gauche est pratiquement occulté.
Vous l'aurez compris je suis totalement conquis par le concept et ça doit pas étonner grand monde si vous me lisez depuis quelque temps, les trucs un peu « nerd » de ce genre c'est tout à fait pour moi !
Une 20aine d'euro bien dépensés pour un mois d'abonnement.
Je vais reconduire l'abonnement encore un peu, Science of Speed risque de sortir dans pas longtemps
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