J'entends le Messie
Bonjour....
Hier, je suis allé assisté à la répétition général d'un concert de l'Orchestre National des Pays de Loire, sous la direction de Hervé Niquet.
L'oeuvre jouée est Messiah de Georg Friedrich Haendl... Un Oratorio, une oeuvre sacrée, donc.
Pour ceux qui veuleent découvrir l'oeuvre dans son intégralité (2h40 quand même) la voici :
Sinon, pour vous donner une idée, et pour que vous rendiez compte que, malgré ce que vous pouvez parfois penser, vous connaissez des grands classiques du baroque, voici la partie la plus connue de l'oeuvre: l'Hallelujah, qui termine la partie II (la Passion):
Passé ma surprise première (je m'attendais à l'execution de l'oeuvre dans son intégralité, et il a été question de répéter les points qui posaient encore problème) j'ai pris grand plaisir à suivre l'ONPL dans son travail.
Pas loin de 90 musiciens (à vue de nez : 60 choristes, 12 violons, 3 violoncelles, 2 contrebasses, 2 trompettes, 2 clarinettes, un orgue, 4 solistes, 1 percussioniste) sur scènes, et une puissance sonore à décorner un boeuf.
J'ai passé un après midi plein d'émotion, mais surtout, plein de découvertes, d'admiration et de remises en question.
D'émotion, bien sûr, puisque le Messiah est, de nos jours, considéré comme l'Oratorio par excellence : la plus belle oeuvre qui soit dans ce "style"...
D'émotion aussi, parce qu'un orchestre classique "live", c'est.... boulversant.
De découvertes, parce que je n'imaginais pas qu'un orchestre puisse travailler de la sorte. J'ai eu, à plusieurs reprises, l'impression que le chef d'orchestre était... une sorte de super musicien.... et que finalement, c'était sa répétition à lui. Celle lui permettant d'ajuster son interprétation (plus piano ici, plus forte là, plus legato à cet endroit, staccato à cet autre...) Même s'il dirigeait presque une centaine d'autres.
D'admiration... parce qu'un tel ensemble est vraiment... monstrueux... et pourtant... si subtil. Je me suis dit plus d'une fois que ça devait être une lourdeur à gérer. Et pourtant non: tout partait comme il fallait, tout s'arrêtait comme il fallait... Chaque pupitre n'était qu'un seul instrument... Très peu d'inertie. Et surtout une réactivité aux ordres et indications du chef.... Il arrêtait un passage qui ne lui plaisait pas, donnait ses indications (Les violons, sur le 2e largo, je veux sentir vraiment le legato.... et toi, le tenor... ouvre la, cette porte du Paradis....) La répétition reprenait.... et le legato du 2e largo était fabuleux.... et le ténor se surpassait... Chaque musicien avait une telle technique, une telle écoute... et une telle réactivité, qu'on ne peut que se sentir petit.... D'autant plus que, une fois encore, l'oeuvre interprétée est vraiment magistrale, et le compositeur un tel maître dans l'orchestration (des choeurs surtout.... )
D'admiration pour le chef qui parvient à tout entendre... le moindre défaut, la moindre fausseté, le moindre décalage....
Et de remise en question: on se sent bien fainéant, devant la masse de travail fournie pendant ces presque 3h00 de répétition (et l'oeuvre n'a été que partiellement jouée, je le rappelle) la fatigue intensive (je m'en suis rendu compte lorsque j'ai pu, à la pause, parler avec une des choristes, amie de mes parents)
On se dit que, quelque soit le résultat qu'on souhaite obtenir dans notre accomplissement de notre vie de musicien, rien ne se fera sans travail.... et que la route est encore longue.... Et qu'elle l'est encore plus qu'on en prend en compte l'Oratorio, sa richesse, sa complexité, sa finesse, sa puissance.... et qu'on apprend qu'il a été écrit en un mois....
Ce genre d'expérience, même si vous n'êtes pas un passionné de musique classique (Baroque est plus juste en l'espèce) est à vivre au moins une fois dans sa vie... Comme une sorte de point focus.... de réflexion sur soi.... et surtout pour en prendre plein les oreilles ! Et ne jamais oublié un tel moment magique.
La petite phrase que j'ai retenue : "Françoise, il n'y a pas de Fa# en La mineur"...... Comme quoi, il faut avoir, même à ce niveau, de l'humilité.
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