Improvisation: dépoussierer ses pentas !
Bonjour,
Vous voulez improviser ? Vous utilisez les bonnes vieilles pentatoniques ? Mais vous vous en lassez ? Et vous pensez que vous n'êtes pas encore assez à l'aise avec les autres gammes pour vous lancer ? Ou encore vous les trouvez trop compliquées à retenir et à utiliser ?
Je vous apporte LA solution... Non... UNE solution... qui va rajeunir vos pentas, vous ouvrir d'autres horizons, voire vous donner d'autres éclairages sur ces bonnes vieilles 5 notes dont on use et abuse à longueur de solos.
1- Être infidèle !
Tout d'abord, attention : dans ce billet, quand je parlerai de penta... je ne ferai allusion qu'aux pentas mineures !
Une fois cette précision faite, voyons ce qu'on peut tirer d'une « bête » pentatonique mineure. Certes, on peut l'utiliser pour un bon vieux blues des familles. Mais mon propos vise des styles musicaux « plus modernes » (malgré tout le respect et l'admiration que j'ai pour le blues)
L'un des premiers réflexes de tout guitariste normalement constitué est de jouer la penta correspondant à la tonalité voulue :
« Oh... Un morceau en Do majeur ! Vite, vite vite... ma penta de La ! »
Bon réflexe...
Mais il y a moyen de l'améliorer... En effet, dans chaque gamme majeure se cache Charli... plusieurs pentas … Et en ce qui concerne la gamme majeure de Do, on y trouve la penta de La, certes, mais aussi celle de Ré et celle de Mi !
Donc si vous parvenez à déterminer la tonalité principale de votre morceau , vous pouvez utiliser les pentas mineures de ses 2e, 3e et 6e degrés !
Moralité, pour sonner de façon différente, jouez une autre penta... ou un mélange de plusieurs : vive l'infidélité... et le mélangisme!
Voici donc des exemples sur un backtrack en Ré Dorien.... (tonalité de Do, donc) avec les exemples d'abord en penta de Ré, puis de La puis de Mi... et enfin... Les 3 mélangées :
Ré :
La :
Mi :
Et les 3 pentas mélangées :
Vous remarquerez le côté modal de la chose... C'est normal: les 3 pentas combinées donnent la gamme de Do... et donc le D Dorien
Mais le fait d'aborder l'impro par un mélange de 3 pentas permet de sortir des schémas habituels liés à une impro en D Dorien.
2- Et si on allait dehors ?
Le jeu out. Ca fait peur, ça déstabilise... et ça impressionne.
Tout d'abord, qu'est ce que le jeu out ? Et bien, pour faire simple, c'est jouer des mélodies utilisant des notes en dehors de la tonalité du morceau... Et en étant encore plus simpliste et plus schématique , c'est jouer faux. Tout l'art du musicien étant alors de faire en sorte que ce jeu « faux » sonne bien.
Ce jeu à l'avantage de rendre votre discours musical un peu plus intéressant... Mais il n'est pas toujours évident à maîtriser. Une façon « simple » de l'aborder est de partir d'une pentatonique. Pour cela, nous allons prendre une des maximes les plus célèbres que tout guitariste se doit de connaître :
« Quand une note est fausse, dis toi que la note juste la plus proche n'est jamais éloignée de plus d'une case »
Donc, par opposition, la note fausse la plus proche n'est jamais plus éloignée de plus d'une case. Partant de ce principe, il suffit de décaler notre penta d'un demi ton (vers les aigus ou vers les graves) pour jouer out. Facile non ?
Bon, écrit comme ça, c'est très simple... A réaliser, c'est un peu plus complexe... Mais très faisable.
Nul besoin de mettre 12 000 notes out... Parfois une ou deux suffisent...
Par exemple, sur une impro en Do majeur, commencez sur une penta de La... et puis glissez d'un demi ton, toujours dans la même phrase, soit en Sol# soit en Si b... placez quelques notes... et revenez sur votre position de La pour terminer votre phrase. En effet, la notion de note cible souvent évoquée dans les cours d'impro prend ici toute son importance : si votre passage out sonne, c'est parce que vous partez d'un endroit qui ne froisse pas l'oreille, et que vous revenez, après un petit détour, vers un endroit qui ne froisse plus l'oreille, que vous le faites d'une traite, et avec un rythme assuré (la moindre hésitation ne pardonne pas)
La difficulté pour le musicien réside, outre le fait de jouer quelque chose d'intéressant, en ce que son oreille doit s'habituer à ses sonorités « étranges » et ne pas les rejeter, et surtout en ce que ces mêmes sonorités ne doivent plus être un blocage car du blocage naît l'hésitation, et de l'hésitation naît un sentiment communément appelé « gros foirage merdique ».
Voici un exemple à partie de la penta de La :
3- Le gros Matisse !
Vous ne le connaissez pas ? Mais si voyons... le gros Matisse ! Celui de vos débuts, pour vous délier les doigts... pour gagner en précision, en rapidité et en force sur votre manche de guitare. .. cet exercice où l'on pose chaque doigt, tour à tour, sur les cases adjacentes... Vous voyez ?
Vous pensiez l'exercice inutile ? Vous allez voir qu'il va vous servir... Toujours à partir de nos bonnes vieilles pentas !
Nous sommes toujours en Do... et vous jouez la penta de La... Jusque là, tout va bien... Et puis, d'un coup... une envie de folie : vous voulez jouer Do-La … Une belle tierce mineure descendante.
Ce plan va tuer, j'en suis sûr ! Sauf que non, il tombe à plat (entendu 12 000 fois) Pourquoi ne pas l'épicer d'un peu de gros Matisse ?
Et vous avez le choix : une, deux etc... notes ! Prenons un exemple tout bête, le plus bête, toujours pour aller de notre Do à notre La, par demi ton... Le plus simple, donc, est de jouer : Do Si Sib La.
Vous voyez ? C'est simple !
Vous pouvez, bien sûr, arranger tout cela à votre sauce... par un chromatisme (ouais, fallait bien que je l'écrive correctement une fois pour que je sois sûr d'être bien compris) ascendant : Do Sol Sol# La....
Voire par une seule note : oui, comme pour le déplacement d'un demi ton de la penta une seule note peut suffire (ascendante : Do Sol# La.... ou descendante : Do Sib La).
Pour la petite histoire (et pour vous montrer que tout est lié) le déplacement d'un demi ton de la penta est appelé... chromatisme. Si si si.
Voici l'exemple de Gros Matisse sur une base de penta de La:
4- Viens schéma, j'habite chez une copine.
Et ouais, une autre possibilité... encore une ! Liée aux précédentes : les schémas (licks, si vous préférez)
Vous avez un petit lick court qui vous plait bien... et... en penta, bien sûr. Mais vous l'avez usé jusqu'à la corde. Donnons lui un p'tit coup de fraîcheur : déplacez le par chromatisme. Comment faire ? Simple : jouez le dans le doigté de la penta... puis déplacez le d'un demi ton... et encore... et encore... autant de fois que vous le souhaitez.... Comme d'habitude, n'oubliez pas de terminer ce déplacement par une note « kivabien » ! (comprendre : qui appartient à la tonalité)
Pas d'exemple pour ce point 4... En effet, c'est un "mélange" des points deux et trois... et puis.. Il faut bien essayer par vous même, non?
Voilà quatre petites idées simples, complémentaires qui devraient vous permettre d'enrichir votre vocabulaire solistique... et de vous balader sur des chemins verdoyants et un peu plus originaux.
N'oubliez pas que vous pouvez mélanger ces 4 pistes... mais gardez à l'esprit que le mieux est l'ennemi du bien. Et surtout ne soyez pas effrayé par le côté bancal et déstabilisant de la chose : il faudra vous y faire !
Pour finir, voici donc un petit mélange de ces 4 idées, sur un court extrait.... Vous voyez qu'il y a moyen, pour pas cher, de sortir un peu des sentiers battus :
En complément, je vous encourage vivement à aller faire un tour sur ce billet de Dystopia : les pentas modales.
A vos guitares !
Un gros merci à Johnny Sidoa pour sa participation au BT Funky.
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