BRO MA ZAD
Bonjour.
Le morceau que je vous présente aujourd'hui a un parcours très particulier.
Vous avez déjà pu l'écouter ici.
Comme je vous le disais à l'époque : « Cette musique a été créée dans un jeu de rôle en ligne... »
Non seulement dans un jeu... mais pour le jeu. Autrement dit : Pour que le personnage que j'incarnais dans ce jeu puisse le jouer.
Il s'agissait d'une petite ballade écriture pour séduire une jeune elfe.
Ce morceau aurait dû faire partie de « Half a B3a(s)t ». Mais je l'ai mis de côté :
- La personne qui jouait la jeune elfe ne venait plus sur le jeu, je ne sortais plus mon personnage, le morceau perdait un peu de son sens et de son intérêt.Il était vraiment à part au milieu des autres morceaux prévu pour « Half »...
Bref... Je n'arrivais pas à le terminer, vraiment pas. C'est donc tout naturellement qu'il a fini sur le bas côté, avec l'idée qu'il serait dans le « chutier » que j'ai publié il y a quelques jours.
Mais voilà.... deux ans plus tard, lorsque le chutier a été publié, je n'ai pu me résoudre à considérer ce morceau comme interminable, et comme abandonné véritablement.
La raison ? Je ne sais pas. Mais elle est vraisemblablement très très profonde.
Si je devais essayer d'analyser, je dirais probablement les choses suivantes :
- Il y a de l'orgue. Un instrument qui me touche beaucoup, qui me rappelle mon défunt grand-père, organiste titulaire dans une église de la côte, qui me rappelle aussi un proche ami de mon père : Louis Yhuel, organiste à la Collégiale de Guérande, disparu en 1999,
- Il y a de la bombarde... L'instrument celte et breton par excellence, celui que tout le monde confond avec le « biniou ». Instrument que j'ai pratiqué quelques années, en suivant les cours d'un autre ami proche de mon père (et un ami à moi aussi) Christophe Caron, qui était l'un des meilleurs Talabarder (c'est ainsi que le nomme un joueur de Bombarde) au monde, n'ayons pas peur des mots, disparu en 2005,
- L'association de ces deux instruments et très significative pour moi... Elle résonne au plus profond de mon être et de mon âme, réveillant à coup sûr ma bretonitude, ma fierté d'être breton.... Elle réveille également tant de souvenirs.... Tout ces concerts que j'ai pu aller écouter, à cette fameuse Collégiale de Guérande, avec Louis et Christophe, ensemble, enchantant l'auditoire d'un son magique, angélique des cantiques sacrés de mon pays (entre autres...) Ces après midi d'enfance où mes parents mettaient les disques de ces deux musiciens... « Tiens, tu vois Lestael, c'est le morceau que Yhuel a joué aux funérailles de ma mère »...
- C'est aussi l'écho de cette culture qui a été longtemps non pas au centre de ma vie, mais en tout cas un élément fort important.... et qui continue de l'être... Ces Festou-Noz (fêtes de nuits) passés à rire, à boire, à danser... Ce centre culturel où j'ai commis les 400 coups avec mes complices de l'époque... Ces concours, ces spectacles.... cette ambiance si particulière qui fait que la Bretagne est la Bretagne et que les Bretons sont les Bretons.
Des choses si ancrées en moi qu'il m'était impossible de laisser le morceau inachevé, de l'abandonner....
Etrangement, il m'a été relativement simple de le terminé, maintenant qu'il n'était plus lié aux autres morceaux de « Half »... et que j'avais compris pourquoi il était si important pour moi.
Le voici donc terminé....
Je l'ai voulu doux.... je l'ai voulu mélodieux.... je l'ai voulu mystérieux... et j'ai aussi voulu que chacun puisse aller y chercher les mélodies qu'il souhaite y entendre.... faire ressortir l'une plutôt que l'autre en fonction de son humeur, de son goût.
J'ai aussi voulu faire ressortir ce sentiment de grandeur que je ressentais en écoutant tout ces gens lors de leurs concerts.... Avec cette réverbération unique, différente en chaque lieu de l'église... ce côté immatériel qui donne le sentiment que la musique vient d'ailleurs.
J'ai voulu souligner l'importance du pédalier de l'orgue, avec cette ligne de basse délicate, mouvante, qui a sa propre vie, et sa mélodie interne....
J'ai voulu respecter la bombarde et le talabarder : cet instrument est difficile à jouer. Il demande du souffle, beaucoup de souffle, et une bouche bien musclée.... (Christophe avait cette capacité à gonfler sa gorge comme le faisait Gillespie.)... Ce qui a impliqué un découpage du morceau pour que le musicien puisse reprendre son souffle.... Et quelques pauses, jouées à l'orgue uniquement, pour qu'il puisse se reposer... et que, comme lors des concerts d'alors, l'organiste puisse s'exprimer également, avec un son plus délicat, contrastant avec l'éclat brillant de la bombarde.
La harpe est présente pour rappeler un autre grand homme : Alan Stivell...
Et, si je suis le guitariste, et que je n'ai pas le dixième de son talent, pourquoi ne pas voir dans la guitare un clin d'oeil à Dan Ar Braz ?
Une dernière chose : pourqoi, d'un coup, ce morceau est passé du titre de Sylwea Faenith à celui de Bro Ma Zad ?
Sylwea Faenith était le nom du personnage pour le quel mon personnage a commencé à écrire ce morceau (rappelez vous.... dans le jeu)... N'y étant plus lié, il n'y avait plus aucune raison de le garder...
Mais alors... Pourquoi Bro Ma Zad ?
Bro Ma Zad signifie, en Breton : Pays de mon Père.
Il y a donc deux raisons pour ce titre.... La première, évidente, c'est que je pense que mon père sera fier de l'entendre... Et qu'il comprendra tout de suite tout ce que je vous ai expliqué plus haut. C'est en grande partie (pas seulement, mais en grande partie) grâce à lui que j'ai cette fierté et cet attachement à cette culture.
La seconde, qu'il comprendra également, est que nous, Bretons, avons un hymne, le Bro Gozh Ma Zadou : Le Vieux Pays de Mes Pères... Une sorte de clin d'oeil, vous l'aurez compris.
En espérant que ce morceau vous plaise... Puisse-t-il vous procurer autant de plaisir qu'il m'en a donné, et autant d'émotions.
Merci d'avoir lu, d'écouter et merci par avance de vos commentaires.
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